ouate épaisse, recouverte d’étoffe pareille à la tenture ; les rideaux seuls sont de mousseline blanche brodée, ainsi que les doubles rideaux des fenêtres ; les meubles, de bois des îles, sont incrustés de marqueterie de couleurs variées ; le cabinet de toilette et de bains est tendu en ancienne étoffe perse, fond gris, à gros bouquets de roses ; la baignoire est de marbre blanc, assez éloignée du mur ; un épais tapis, à palmettes variées, couvre le plancher de ces pièces.
D’abord, je me suis félicité de n’être pas entré seul dans cette chambre : j’aurais craint pour moi ces entraînements insensés, dont le parloir de ma maîtresse est si souvent le théâtre ; bientôt je m’aperçus qu’il eût mieux valu pour moi être seul… qu’en compagnie de Mlle Juliette, car son langage indiscrètement ingénu, suite de ses habitudes et de ses fonctions de femme de chambre, me fit connaître un nouveau tourment : celui-là je devais le subir, le visage insouciant.
— Vous êtes vraiment bien aimable de m’aider, Martin, — m’a dit Mlle Juliette, — le coup de main que vous allez me donner va joliment m’avancer, car c’est aujourd’hui le jour de la blanchisseuse, je comptais écrire mon linge ce matin de bonne heure, mais Madame m’a sonnée si tôt… à cinq heures, vous jugez… je dormais encore.
— C’est bien tôt, en effet.
— Voyons, commençons d’abord par changer les taies d’oreillers et les draps, car vous ne savez peut-être pas que Madame a la manie d’avoir son lit blanc et frais tous les jours, — me dit Mlle Juliette en me donnant un des oreillers à dégager de son enveloppe de batiste