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Astarté, — ça n’est peut-être pas si commun que de voir des maîtres avoir pour maîtresses nous autres femmes de chambre de leur légitime… mais ça se rencontre… et sans aller plus loin, quand j’étais chez la duchesse de Rullecourt, il y a eu la fameuse histoire de la baronne de Surville avec le grand Laforêt, le piqueur de son mari ; mais il faut dire aussi que la baronne aimait beaucoup la chasse.

— Du reste, — reprit le vieux Louis, valet de chambre du prince de Montbar, — je me suis laissé dire par mon père, qui avait été élevé dans la maison de Soubise, que sous l’ancien régime bien des dames de la cour avaient des valets de chambre coiffeurs, et que les gaillards… enfin… suffit.

— Sous l’ancien régime… je crois bien, — dit l’homme de confiance du député, en gonflant ses joues, — il n’y avait pas de mœurs, c’était le temps du droit du seigneur, du Parc-aux-Bœufs et de l’Œil-de… Cerf, non… du Parc-aux-Cerfs, de l’Œil-de-Bœuf et des talons rouges…

— Bon, — dit Leporello, en riant, — voilà le vieux Benard parti… comme son maître…

— À propos de ça, — dit Benard, — ma belle Astarté, vous pouvez prévenir la femme de votre ministre, que demain son époux n’a qu’à se tenir ferme…

— Comment ça ?

Monsieur a péroré et gesticulé aujourd’hui pendant plus de deux heures dans le cabinet de toilette de Madame, devant sa psyché.

— Ah, la bonne farce ! — dit Astarté.

— Une vraie comédie — reprit l’homme de confiance