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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/133

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— Comme je serais vengé de tout ce que j’ai souffert !!… — me suis-je dit.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Je me suis souvenu de cette conversation lors du thé chez Mlle Juliette, dans laquelle Astarté, parlant des remarques faciles aux valets de chambres, disait qu’ils pouvaient parfois tirer de significatives inductions des mains gantées en entrant et dégantées en sortant ; j’avais remarqué que le capitaine, portant encore son demi-deuil, était ganté de gris ; en apportant la première lettre afin de méchamment interrompre l’amoureux entretien de Just et de Régina, toute mon attention s’étant concentrée sur ma maîtresse, je n’avais pas observé si lui s’était déganté.

Un quart-d’heure s’était à peine passé depuis ma fâcheuse interruption, je mis la seconde lettre sur un plateau ; cette fois j’entrai de nouveau.

— Qu’est-ce donc encore ? — m’a dit sévèrement Régina.

— Une lettre pour Madame…

— Vous m’apporterez mes lettres quand je vous sonnerai… — a-t-elle ajouté d’un ton sec et dur, sans prendre la lettre que j’apportais.

Je sortis en balbutiant une excuse ; les mains du capitaine Just, aussi blanches que celles de Régina, n’étaient plus gantées.

Elle ne répugne pas à presser les mains de Just dans les siennes, — ai-je pensé.

En vérité, qu’à cette heure j’écris de sang-froid ces choses puérilement odieuses, je suis à concevoir encore de quel vertige je devais être frappé dans cette funeste