Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/160

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— Bonjour, Jérôme, — dis-je, sans vouloir même déguiser ma voix, — bonjour, mon brave, comment vous portez-vous ?

— Attendez donc… attendez donc, — dit Jérôme en s’approchant de moi, et m’examinant de si près, que je sentis son souffle.

— Voyons, qui diable ça peut-il être ?

— Comment, Jérôme, vous ne me reconnaissez pas, moi ?… un ami ? regardez-moi donc bien.

— Pardieu, je vous regarde d’assez près, mais que le diable m’emporte si je peux m’y retrouver au milieu de ces ronds noirs, de ces lignes blanches et de ces croisillons rouges, ça papillotte… tant qu’on n’y voit que du feu.

— Tenez,… et de profil ?

— De profil ou de face, je donne ma langue aux chiens, — dit Jérôme, — je renonce…

— Vrai ?…

— Oh vrai.

— Mais ma voix ? vous ne reconnaissez pas non plus ma voix ? cherchez bien.

— Que diable voulez-vous que fasse la voix avec une face pareille… ma femme serait fabriquée comme ça, qu’elle me dirait : — c’est moi… ta femme, — que je dirais : — Ça se peut, mais je ne sais pas.

— Eh bien ! c’est moi… Martin, mon brave Jérôme.

— Martin… vous… Allons donc ! vous en feriez deux comme lui pour la corpulence, mon gaillard ; et puis, vous êtes plus petit que lui.