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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/164

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— Diable !

— Ce n’est pas tout : afin de mieux dérouter encore… l’autre Pierrot… si, revenant avec lui, nous montions tous deux dans votre voiture, et que je vous dise d’aller à tel endroit, vous me répondrez… vous me répondrez… — Oui, Monsieur le marquis, je suppose.

— Pour que l’autre Pierrot… vous prenne pour un marquis ?

— Justement… Il faut qu’il me prenne pour ce que je ne suis pas.

Jérôme, avant de monter sur son siège, me dit d’un air sérieux, presque ému cette fois :

— Dites donc, mon bon Martin… qui est-ce qui aurait jamais dit tout ça… quand, le premier jour de votre arrivée à Paris, je vous ai trimbalé depuis la rue du Montblanc jusqu’à l’impasse du Renard ?… Je vous parle de ça, parce que c’est comme une idée qui me passe par la tête.

Et Jérôme sauta sur son siège et cria à ses chevaux :

— En route, Lolotte et Lolo.

Jérôme avait raison.

Qui est-ce qui aurait jamais dit cela, le jour où je me trouvai seul à Paris, sans ressources, sans appui, sans connaissances ?

Une remarque plus étrange encore me fut suggérée par la réflexion de Jérôme… Je m’étais servi de sa voiture pour faire mes premières courses dans Paris, et je m’en serai servi sans doute pour les dernières, car si je ne me suis pas trompé… si l’inspiration à laquelle j’ai obéi dans cette circonstance solennelle a été bonne et juste (je