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cette dernière épreuve, votre amour reste à jamais perdu pour moi,… eh bien ! Régina, mon sort s’accomplira ;… mais au moins vous aurez été bonne, généreuse,… et cette dernière pensée me consolera dans mon affreux malheur… »

— Ah ! Monsieur, — dis-je au prince, — croyez-moi, un pareil langage, et tout ce que le génie de l’amour vous inspirera, réveillera dans le cœur de Mme de Montbar les souvenirs toujours si puissants d’un premier attachement…

— Je le désire si ardemment,… que je finis par l’espérer, — reprit le prince ; — mais comme cette dernière illusion peut m’être ravie… — « Encore un mot, dirai-je à Régina, le dernier… Quoi que vous décidiez, Madame, dès ce moment vous êtes libre,… ce soir ou demain vous me ferez connaître votre résolution. Si vous me refusez, je confierai à votre délicatesse le soin d’éviter tout ce qui, dans notre séparation, ferait éclat ou scandale… Demain je pars pour l’Italie,… vous ne me reverrez jamais. »

— Allons, courage. Monsieur, — dis-je au prince, — espérez tout d’une conduite si noble, si généreuse…

— Oh, vous serez mon sauveur, je le sens, — me dit le prince avec un accent de gratitude profonde, — mais comment ai-je mérité, mon Dieu ! que vous daigniez venir ainsi à moi ?

— Vous étiez malheureux, Monsieur, et j’ai beaucoup souffert.

À ce moment la voiture s’arrêta.

Jérôme se tourna sur son siège, se pencha vers la glace de devant et me dit :