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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/233

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— Que peut-être M. Melchior ne voudra pas me laisser arriver jusqu’à M. le baron…

— C’est vrai — dit Régina, en se retournant vers son mari — vous le voyez bien, il vaut mieux que j’y aille moi-même. Faites vite avancer ma voiture, — me dit-elle.

— Je vous assure — dit le prince — que, dans l’état de faiblesse où est votre père, votre présence inattendue, et surtout… dans cette circonstance — ajouta-t-il en appuyant sur ce mot — peut lui causer la plus dangereuse révolution. Votre lettre, au contraire, le préparera à votre visite,… et cela vaudra infiniment mieux pour lui… croyez-moi.

— Vous avez peut-être raison… Mais pourtant si Melchior, et vous connaissez cet homme, ne veut pas laisser arriver Martin auprès de mon père ?

— J’irais bien moi-même — dit le prince en réfléchissant, — mais l’inconvénient serait le même… Je m’y résoudrai pourtant si votre lettre ne peut être remise entre les mains de votre père. Mais il me paraît impossible qu’elle ne le soit pas. — Puis, s’adressant à moi, M. de Montbar me dit impérativement :

— Il faut que vous remettiez cette lettre entre les mains de M. de Noirlieu, entendez-vous ?… il le faut

— Prince… je tâcherai, — dis-je humblement.

— Il ne s’agit pas de tâcher, — reprit le prince avec hauteur, — il faut que cela soit. Vous insisterez auprès de Melchior ; vous exigerez, en lui disant que vous avez l’ordre de Mme de Montbar… et à moins que vous ne soyez d’une maladresse sans pareille…