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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/238

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— Oui, Monsieur Louis, — lui dis-je aussi à demi-voix, et je me dirigeai vers les écuries.

La berline était attelée, les palefreniers veillaient à la tête des chevaux, car M. le premier cocher n’attelait jamais lui-même, et ne montait sur son siège qu’au dernier moment. Du reste, M. Johnson, en véritable cocher anglais, était, ainsi que l’avait prévu le vieux Louis, scrupuleux observateur de l’étiquette ; je n’eus besoin de lui faire aucune recommandation, car, apprenant que je montais dans la berline, il ordonna aussitôt à l’un de ses gens d’écurie de lever les persiennes. Ceci fait, l’un des palefreniers lui remit son fouet, l’autre les guides, jusqu’alors repliées sur l’une des sellettes des harnais, et l’important personnage, presque aussi gros que M. Dumolard, et dont la large face rubiconde était encadrée d’une perruque blanche à boudins, monta pesamment sur son siège, et nous partîmes pour le faubourg du Roule, où demeurait M. de Noirlieu.

Du reste, fidèle à mon devoir je m’assis consciencieusement sur le devant de cette voiture vide ; malgré mes préoccupations je n’ai pu m’empêcher de sourire en songeant au déploiement de toutes les formalités domestiques à propos de ma montée dans la voiture de la princesse, et comme point de comparaison extrême, je me suis rappelé le docteur Clément, cet homme si grand par le cœur et par la pensée, ce millionnaire sublime me faisant, au sortir de l’Hôtel-Dieu, asseoir à ses côtés dans son fiacre, et avec quelle respectueuse émotion je pris place près de lui.

Et c’est pourtant dans la minutieuse observance d’une foule de coutumes oiseuses, de distinctions pué-