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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/241

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— Écoutez-moi bien, Monsieur Melchior, — m’écriai-je impatienté de ce mauvais vouloir, — si à l’instant vous n’obéissez pas… aux ordres de ma maîtresse…

— Eh bien !

— Je vous prends par les deux épaules, comme cela, — et je fis ce que je disais, — je vous fais tourner comme ceci, — et j’agis en même temps que je parlais, — puis j’entre dans la maison en appelant de toutes mes forces M. le baron… il me répondra… et je lui remettrai ma lettre.

Ce disant, je fis en effet pirouetter Melchior, qui, par son âge et sa stature, ne pouvait lutter avec moi, et je m’élançai dans la maison, en criant de toutes mes forces :

— Monsieur le baron ! Monsieur le baron !

— Malheureux ! — dit le mulâtre en courant après moi, — vous tairez-vous ?…

Mais, déjà engagé dans un long corridor, je redoublais mes appels, en prêtant l’oreille de temps à autre. Enfin, j’entendis une voix faible s’écrier :

— Quel est ce bruit ? qui m’appelle ? qu’est-ce que cela ? Melchior… Melchior… où es-tu ?

Je traversai un salon, j’ouvris une porte, je me trouvai en présence de M. de Noirlieu, qui venait de se lever du fauteuil où il était assis.

Le mulâtre, pâle de rage, arrivait derrière moi ; je me hâtai de donner la lettre de la princesse au baron, en lui disant :

— Monsieur le baron… c’est une bonne nouvelle,