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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/242

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sans doute, car Madame avait si hâte de vous la donner, qu’elle m’a envoyé dans sa voiture…

Et pendant que M. de Noirlieu décachetait la lettre d’une main tremblante, j’ajoutai :

— Je demande pardon à M. le baron du bruit que j’ai fait pour parvenir jusqu’à lui, mais M. Melchior n’a pas voulu me laisser arriver auprès de M. le baron… et…

M. de Noirlieu ne me laissa pas achever, à peine eut-il lu la lettre de Régina, lettre très-courte sans doute, qu’il pâlit, rougit, trembla, donna enfin les signes de la plus profonde émotion et s’écria d’une voix entrecoupée :

— Mon Dieu… elle dit en être sûre !… une révélation… aujourd’hui !.. je pourrais l’aimer encore… l’aimer toujours. Ah ! c’est trop à la fois… si cela était vrai… Mais non… non… c’est impossible… pourtant elle ne demande qu’à venir… pour me convaincre… pour me prouver…

Et le vieillard, dont les larmes coulèrent, mettant ses deux mains sur son visage, se laissa retomber dans son fauteuil.

— Monsieur le baron… qu’avez-vous ?… — s’écria Melchior, en courant à son maître.

Et il ajouta, en me jetant un regard furieux :

— Voyez-vous, misérable, ce que vous avez fait…

— Je crois qu’il n’y a pas de mal, Monsieur Melchior, — lui dis-je, — au contraire…

En effet, cette première émotion passée, le vieillard, se levant droit, la démarche ferme, au lieu d’être