Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/287

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égal… va… cette mort est douce… mon Just bien-aimé… Je meurs avec ta pensée…

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» Un cri déchirant que je poussai involontairement a arraché Mme de Montbar à l’espèce de délire où son esprit s’égarait.

» Elle a paru sortir d’un rêve. Elle a tressailli, s’est redressée brusquement et m’a dit d’un air hagard, en passant ses deux mains sur son front :

» — Est-ce qu’il y a long-temps que nous sommes là… Georges ?

» Les larmes me suffoquaient, heureusement la nuit était presque venue. Ma femme ne s’est pas aperçu que je pleurais ; je lui ai répondu :

» — Oui… il y a assez long-temps… Mais il se fait tard… Voulez-vous rentrer ?

» — Comme vous voudrez, mon ami, — m’a-t-elle répondu doucement sans remarquer l’altération de ma voix.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

» J’ai interrompu cette lettre, mon ami ; je souffrais trop pour la continuer.

» Vous savez tout, maintenant… je n’ai qu’un seul parti à prendre… et vous me le conseillerez, j’en suis certain ; c’est de partir demain… de rendre la liberté à Mme de Montbar…

» La malheureuse femme se meurt… et c’est mon aveuglement, c’est ma lâcheté qui la font mourir.

» Demain donc je m’éloignerai.

» Dans l’état où se trouve Mme de Montbar, l’annonce de ce brusque départ lui porterait un coup funeste