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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/29

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— Quoi donc ?

Parlez si vous voulez, ma chère,… les complices sont autant punis que les coupables.

— La coquine ! — dit Astarté.

— Et ça ne quitte pas les églises ! — reprit Juliette.

— Elle avait raison, — reprit Mme Lambert ; — je la perdais et moi aussi. Après cela, je me fais plus méchante que je n’en ai l’air ; j’aurais pu me venger sans me perdre, que je ne l’aurais pas fait… Mais à propos, — reprit la femme de chambre de la marquise d’Hervieux, en s’adressant à Juliette, — tu m’avais dit que tu savais quelque chose qui ferait plaisir à ma maîtresse.

— Elle le sait peut-être déjà ; mais enfin voilà ce que c’est : Le prince part cette nuit pour Fontainebleau ; il va chasser cinq ou six jours avec le mari de ta maîtresse.

— Cet homme-là est-il sournois ! — s’écria Mme Lambert, — on n’en savait rien ce soir chez nous ; mais il n’en fait jamais d’autres. Quand le marquis s’en va, il ne veut qu’on soit content qu’au dernier moment. Ah ! pour çà oui, Madame va être contente. Pendant cette absence-là, voilà sa vie de presque tous les jours : Le matin son bain, après ça son déjeûner, et puis vite un petit fiacre, et en voilà pour jusqu’à six heures, où elle rentrera à l’hôtel pour dîner ; après dîner elle écrira une lettre de huit pages, que je porterai le lendemain matin (M. de Surville y répondra par un billet de deux lignes), et, la lettre écrite, elle s’habillera pour aller dans le monde revoir son trésor. Ses plus jolies, ses plus fraîches toilettes sont pour ce soir-là.