Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/30

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— Je les croyais brouillés ? — dit Juliette.

— Oui, pendant six mois, cette pauvre Madame… (elle est si bonne !) a manqué d’en mourir ; elle se fanait que c’était pitié… mais, maintenant, elle est redevenue charmante, son amant lui va si bien !

— C’est bien fait, — dit Astarté, — un mari si bête !…

— Et si sale ! — dit Mme Lambert. — Nous voyons cela, nous autres… Tenez, si le monde savait ce que nous savons, on excuserait les trois quarts des femmes qui ont des amants.

— Je les excuse toujours, moi d’abord, — dit Astarté, — ce sont les meilleures maîtresses à servir… ça vous les rend d’une douceur… d’un onctueux !… Et chez vous, Isabeau, y a-t-il du nouveau ?

— Oh ! chez nous, — reprit la femme de chambre de Mme Wilson, — on est toujours gaie, toujours folle ; on dit bonjour et bonsoir au père Wilson, qui ne met pas le nez hors de ses bureaux… et on adore un ange de petite fille… voilà tout.

— C’est drôle, — dit Astarté.

— Le fait est, — reprit Leporello, — que je n’ai jamais entendu rien dire sur Mme Wilson chez mon maître ; et Dieu sait comment on y habille les femmes du monde.

— C’est peut-être aussi parce que ces Messieurs en déshabillent beaucoup, — dit Astarté.

— Bravo ! — fit Leporello.

— Et ici ? — dit Astarté en interrogeant du regard la femme de chambre de Régina.