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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/300

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son maître mourant lui avait confiée : il envoyait un sauveur à Régina prise au piège tendu par le comte, dans la maison déserte de la rue du Marché-Vieux.

Ce sauveur… c’était Just Clément… qui devait si cruellement châtier l’infâme conduite de M. Duriveau et lui imposer un duel dont les conditions mettaient désormais Régina à l’abri de calomnies infâmes…

Enfin, c’était Mme Wilson, que le comte aimait d’une si ardente, d’une si folle passion, dont il retrouvait encore le nom dans le récit de Martin.

On le voit, ces Mémoires touchaient par tant de points à la vie de M. Duriveau, que cela seul eût suffi à expliquer l’opiniâtre curiosité avec laquelle il poursuivit cette lecture…

Mais lorsqu’il vint à songer que ce malheureux enfant abandonné, voué à tant de misères, à tant de chagrins, à tant de rudes épreuves subies avec résignation, avec courage et dont il devait sortir pur..... lorsque le comte vint enfin à songer, disons-nous, que Martin était sans doute son fils, il se sentit en proie à une frayeur mêlée de honte insupportable à la seule pensée de se trouver face à face avec Martin, dont l’esprit était si droit, le cœur si pur, le caractère si élevé.

Cette honte aurait déjà paru insupportable au comte, lors même que Martin eût encore ignoré le secret de sa naissance… Mais se remémorant quelques particularités de sa première entrevue avec lui, songeant à l’affection qui l’unissait à Claude Gérard, se disant enfin qu’il était peu probable que le hasard seul eût conduit Martin à entrer comme domestique chez lui, le comte éprouvait une nouvelle et plus terrible angoisse… il ne doutait