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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/307

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— Que viens-tu faire ici ?

— Je viens vous dire, Monsieur, — reprit Claude Gérard d’une voix triste et solennelle, — je viens vous dire que Perrine Martin, la mère de votre fils… est morte cette nuit…

— Morte ? elle, la mère de Martin !… — s’écria le comte.

— Morte ! il y a trois heures… — dit Claude Gérard, — ici, dans l’une de vos métairies, où on l’avait transportée…

— Elle était ici, — murmura le comte atterré, — elle est morte… Martin est son fils !… il est donc vrai…

— Oui… Martin est son fils et le vôtre… oui, elle est morte ! — répéta lentement Claude Gérard, comme s’il eût voulu faire entrer ces paroles au fond du cœur de M. Duriveau.

— Non, non, — s’écria celui-ci presque avec égarement, — c’est un rêve, un rêve affreux…

— Si c’est un rêve, Monsieur, — répondit Claude — la cloche des morts qui va sonner à l’aube, vous réveillera…

— Oh ! cette mort… en ce moment… — murmura le comte anéanti, — quand tout le passé vient de m’apparaître…

L’accent, la physionomie de M. Duriveau révélaient alors une douleur et des remords si sincères, que Claude Gérard en eut pitié, et il lui dit d’une voix moins menaçante :

— Au nom de ce passé… au nom de ce que votre fils a souffert… au nom du courage et de la résignation