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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/32

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mencements… ça regarde les valets de chambre. Dam ! ils annoncent les visites, ils peuvent donc remarquer celles qui sont plus ou moins longues,… selon que Madame est seule ou avec du monde,… ils peuvent encore observer la figure triste ou gaie que les assidus font en sortant,… s’ils sont rouges ou s’ils sont pâles, et surtout si, ayant leurs gants en entrant, ils les ont encore en sortant… C’est très-important… J’ai entendu dire au vieux Lapierre, qui avait été long-temps chez la fameuse princesse Romanof, que presque toujours on se dégantait chez elle au cinquième ou sixième tête-à-tête.

— C’est très-vrai d’observation, — dit Astarté. — Allez donc prendre la main d’une femme avec des gants.

— Aussi, — ajouta Juliette, — quant au nouveau qu’il pourrait y avoir ici, je vous dirais : adressez-vous à M. Martin que voilà, mais il n’est valet de chambre de Madame que d’aujourd’hui.

— Ma foi, Mademoiselle, — dis-je à Juliette, — je vous assure qu’il faudrait que les choses me crèvent les yeux ; je ne suis pas fort pour l’observation.

— Bah ! bah ! — me dit Juliette en riant, — on voit ça malgré soi. Honoré, qui était ici avant vous, M. Martin, n’était pas malin, ça n’empêche pas qu’il avait remarqué que M. le capitaine Just… ce beau grand jeune homme, était venu trois fois à l’heure où Madame ne reçoit habituellement personne.

— Ah ! ah ! voyez-vous ça, — dit Astarté en éclatant de rire, — et vous nous disiez, Juliette, qu’il n’y avait rien de nouveau ici.