Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/339

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— Mon père viendra demain ! — s’écria Scipion, — je vous le jure !

— Un serment ? — dit Basquine en riant, — vous allez me dire quelque insigne fausseté.

— Mais, — reprit Scipion avec une impatience fiévreuse, — ne vous ai-je pas écrit que, le lendemain de cette scène avec mon père, dans laquelle j’avais, je crois, montré quelque vigueur…

— Si votre récit était fidèle, et je le crois, vous avez été charmant, rempli d’insolence et d’audace… battre le comte avec ses propres armes… à chacun de ses reproches lui répondre : — Ce que j’ai fait… tu l’as fait !… — C’était du dernier piquant…

— Eh bien ! ne vous ai-je pas écrit que, le lendemain de cette scène, il m’a dit : — « Bah ! j’étais un niais de me révolter hier contre les conditions que tu as posées à ton mariage et conséquemment au mien, mauvais garnement ; je verrai Basquine, c’est la femme la plus à la mode de Paris ; elle est, dit-on, spirituelle comme un démon ; nous sommes faits pour nous entendre. »

— Décidément, vous voulez que je raffole de votre père.

— De grâce, écoutez-moi, je parle sérieusement, — dit Scipion, — puis il a ajouté : « — Seulement, pas un mot de cette démarche un peu régence, à ta pauvre Raphaële ; tout ce que je te demande, ce sont des égards pour elle jusqu’à ce que nous soyons mariés, toi et moi ; après cela, ma foi ! tu t’arrangeras… » Voilà ce que m’avait dit mon père au Tremblay, il y a huit ou dix jours.