Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/34

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matin, j’annonce à Monsieur le plus fort d’entre ses électeurs, le bélier du troupeau, comme dit mon maître, il l’appelle toujours comme ça avec Madame… le bélier ; en apprenant donc que le bélier était là : — Que le diable vous emporte ! — me dit mon maître en fureur, — je vous ai dit que je ne recevais jamais ces gens-là qu’une fois sur cinq ; mon Dieu ! que c’est assommant !… Allons, puisque vous avez dit que j’y étais, faites entrer ; — et une fois que le bélier est entré, il fallait voir les poignées de main, et entendre les : comme vous êtes rare, mon cher Monsieur ! on ne vous voit jamais ! etc., ce qui n’a pas empêché Monsieur de me dire, une fois que le bélier a eu les talons tournés : — Si vous avez le malheur de recevoir ce Monsieur-là avant quinze jours d’ici… je vous laisse avec lui… et vrai, ça m’a fait peur… seul avec le bélier !!

— Ah ! fameux, le bélier ! — s’écria Leporello en éclatant de rire. — Fameux ! le mot restera ! ça me rappelle qu’il y a un an je cherchais un petit appartement pour les rendez-vous de mon maître ; j’entre dans une maison superbe… trop superbe pour la chose ; c’est égal, je parle au portier.

— Avant tout, mon garçon, — me dit cet animal de loge, je dois vous prévenir que le propriétaire tient à ce que sa maison soit parfaitement propre. — Après. — Votre maître a-t-il des chiens ? — Non. — Des enfants ? — Il en fait, mais il n’en a pas, vu qu’il y en a qui en ont et qui n’en font pas. — Est-il député ? — Non plus ; mais pourquoi, diable ! cette question ? — dis-je au portier. — Parce que nous avons logé un député au cinquième, — me répond le cerbère, — et en deux mois