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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/36

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chandelle à je ne sais quel saint, de n’avoir pas épousé mon maître…

— Je crois bien, on dit qu’elle ne pouvait pas le voir, — reprit Juliette, — et, depuis le mariage de Madame, il n’a pas mis les pieds ici.

— Et il enrage, j’en suis sûre. Enfin pour en revenir à mon affaire, je lui demande donc ce matin à sortir ce soir : — Non ! — me répondit-il durement, et avec une figure… une figure noire comme de l’enfer. Bien obligé, que je me dis, et je remonte chez moi quatre à quatre ; car, avec lui, non, c’est non. Ce soir, après dîner, comme il allait chez son fils, il me rencontre dans l’escalier… ce n’était plus le même homme, il était rayonnant, je ne lui ai jamais vu qu’une fois l’air aussi gai, c’était le lendemain du duel où il avait cassé la cuisse à ce pauvre marquis de Saint-Hilaire, qui en est mort.

— Ah ! oui… un duel dans le parc du marquis, — dit Astarté. — J’ai entendu parler de cela dans le temps… M. Duriveau était alors l’amant de la marquise.

— Justement, — dit la femme de charge, — ça se passait à la campagne chez le marquis. Celui-ci les a surpris. Ils se sont battus, et Monsieur, qui met à soixante pas une balle dans une carte, lui a flanqué son affaire, à ce pauvre marquis. Finalement, ce soir, Monsieur avait la même figure de jubilation que le lendemain de ce duel-là, il avait l’air d’être d’une joie… d’une joie atroce… Quoi !.. — Vous m’avez demandé à sortir et je vous ai refusé, ma chère Madame Gabrielle, — m’a-t-il dit. — Oui, Monsieur le comte, — Eh bien !