Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/37

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sortez si vous voulez, je suis content, je veux qu’on soit content, — et il a continué de monter l’escalier.

— Et qu’est-ce qui pouvait donc le rendre si content ? — demanda Juliette.

— C’est ce que je me suis dit, — reprit Mme Gabrielle. — Il y a donc du nouveau, dans Landerneau ; il faut que je tâche de le savoir, ça fera mon écot pour le thé de chez Juliette ; je cours dare dare chez le valet de chambre de Monsieur, nous sommes très-bien ensemble parce que je lui fournis du linge de l’hôtel pour sa famille qui loge dehors. — Eh bien ! Balard, que je lui dis. — Qu’est-ce qu’il y a donc ? Monsieur avait tantôt l’air méchant comme un diable, et ce soir, il est gai comme un chat-huant qui va croquer une souris ? — Je ne sais pas, — me répond Balard. — Il avait l’air aussi fou de joie à dîner. — Mais à propos de quoi cette joie-là ? — Je n’en sais rien de rien… parole d’honneur. — Voyons, Balard, entre amis ? — Je vous jure, ma chère, que tout ce que je sais, c’est qu’au moment où Monsieur allait se mettre à table, un commissionnaire a apporté une lettre, vilain papier, vilaine écriture, et je crois même cachetée avec du pain mâché. Je remets cette lettre à Monsieur ; il la lit et s’écrie : enfin !… d’un air aussi content que si tous ceux qu’il déteste avaient la corde au cou, et qu’il n’ait plus qu’à la tirer ; enfin, après avoir jeté la lettre au feu et l’avoir vue brûler, il s’est mis à marcher ou plutôt à sauter dans sa chambre, en se frottant les mains et le menton, en riant… en riant, mais tout de même d’un drôle de rire… — Et voilà tout ce que vous savez ? — dis-je à Balard. — Voilà tout, ma chère Madame Gabrielle, je vous le jure… par la dernière douzaine de