Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/361

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— Il est vrai… malgré le redoublement d’affection, de respect que votre paternité m’inspire… — dit Scipion avec un persiflage amer, — je vous demanderai humblement… s’il vous plaît… la permission… de rester avec Madame… Vous concevez… une fois seuls, nous aurons à causer un peu de vous…

— C’est juste… — dit M. Duriveau en prenant son chapeau.

— Vraiment… — dit Scipion, — vous ne me sommez pas de par votre talisman et de par le Roi de vous suivre ?…

— C’est inutile, — dit le comte en se dirigeant vers la porte, — je vous donne jusqu’à ce soir six heures… pour vous décider…

— Mais jusque-là, — dit Scipion, — ne craignez-vous pas que je ne vous échappe ?

— Pas le moins du monde, — dit le comte.

— Comment ! vous ne me demandez pas même ma parole comme prisonnier… de père ? — dit Scipion en continuant de ricaner à froid.

— Je n’ai pas besoin de votre parole, — répondit le comte en mettant la main sur le bouton de la serrure. — Il y a en bas… à la porte de l’hôtel de Madame… deux agents de police… qui vous attendent.

Scipion ne put retenir un mouvement de surprise et de rage. Puis se baissant pour allumer un cigare au feu de la cheminée, afin de cacher sa rougeur et son émotion, il se redressa en disant :

— Vraiment vous êtes homme de précaution, Monsieur… mais de peu d’invention… Cette belle idée