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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/364

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— Vous souvenez-vous de ce souper, de cette nuit — reprit Scipion, triomphant de l’accablement de son père ; vous avez troqué, vous, votre brune Sidonie contre ma blonde Zéphirine… vous vous êtes même plaint de perdre à ce troc..... Mais tenez, Monsieur..... brisons là..... Seulement, prenez garde… vous jouez avec moi un jeu terrible… voyez-vous ! Il ne s’agit plus ici de père et de fils ; mais de deux anciens compagnons d’orgie devenus ennemis mortels, parce que l’un a joué à l’autre un tour infâme… et, de ce tour-là… je vous le répète, Monsieur… je me vengerai, malgré vos agents de police, malgré votre prison et même malgré votre malédiction… si vous osez me la donner sans rire aux éclats comme cette fois où vous m’avez dit : — Je te maudis, fils indigne… qui tombe sous la table à la cinquième bouteille… sur ce, Monsieur… moi et Madame nous ne vous retenons pas.

Le comte, qui avait rougi et pâli tour-à-tour pendant que Scipion parlait avec cette sacrilège audace… le comte ne répondit pas un mot, tira sa montre de son gousset, y jeta les yeux et dit froidement à son fils :

— Il est trois heures… je vous ordonne d’être chez moi à six heures… Et je vous déclare que vous y serez… de gré ou de force… Vous sentez bien qu’on vient toujours à bout d’un écolier rétif. Ainsi donc… à six heures… et n’y manquez pas.

Ce disant, le comte sortit, laissant, par comble de dédain, Scipion avec Basquine.

En quittant la maison, M. Duriveau, avant de remonter dans sa voiture qui s’était rangée derrière le cabriolet de Scipion, fit un signe d’appel à deux hommes