Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/366

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— Ainsi, c’est entendu, — reprit le comte. — Si vous êtes obligés d’en venir là… je vous le répète, je vous recommande les plus grands ménagements ; vous serez bien récompensés…

— Soyez sans inquiétude, Monsieur le comte, nous servons nos pratiques selon leur acabit, nous vous répondons que Monsieur votre fils n’aura pas à se plaindre de nos bonnes petites manières.

— C’est bien ! — dit M. Duriveau en remontant en voiture.

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Il avait fallu au comte un incroyable empire sur lui-même pour avoir supporté avec un calme apparent les derniers outrages de son fils ; mais, il faut le dire, pendant un instant, le comte était resté atterré, épouvanté sous le poids des sarcasmes de Scipion auxquels il lui eût été impossible de répondre,… car cette leçon terrible qu’à son tour le fils infligeait à son père devant Basquine, ce père indigne la méritait… il se l’avouait avec terreur en pleurant des larmes de sang sur l’exécrable éducation qu’il avait donnée à son fils. Aussi, un moment, le comte fut-il au désespoir d’avoir cédé à la violence naturelle de son caractère qui le poussait toujours aux extrêmes, tantôt, comme par le passé, à une familiarité révoltante, impie ; tantôt, comme dans la scène précédente, à une rudesse de langage, à une âpreté de formes, malheureusement faites pour exaspérer jusqu’à la rage l’indomptable orgueil de son fils.

Mais venant à se rappeler ensuite que trois fois depuis huit jours (et il faut le dire, depuis la lecture des Mémoires de Martin, dont la salutaire influence, quoi-