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que encore latente, se développait de plus en plus en lui et presque à son insu) ; mais le comte se rappelant, disons-nous, que, depuis huit jours, changeant tout-à-coup de langage, de conduite, rougissant du passé, il s’était en vain montré envers son fils aussi sérieusement affectueux, aussi paternellement tendre qu’il s’était jusqu’alors montré vicieux, familier ou violent ; songeant enfin que ses reproches, remplis d’élévation, de sagesse, de bonté, songeant que les larmes sincères, douloureuses, que lui avait arrachées l’endurcissement de son fils, avaient été raillées par cet impitoyable enfant, comme une hypocrite jonglerie, M. Duriveau, poussé à bout, crut agir selon son droit, selon son devoir, selon l’intérêt de Scipion, en redoublant de dureté, dans l’espoir de réduire ce caractère intraitable.

Malheureusement M. Duriveau se trompait, le vicomte lui avait dit cette terrible vérité :

Après l’éducation que vous m’avez donnée, ce n’est pas en un jour que vous ferez de moi un fils respectueux, et de vous un père respectable.

La régénération de Scipion, de cette âme gangrenée par une perversité si précoce, eût demandé des soins d’une délicatesse toute maternelle, des ménagements infinis, en un mot, cette rare et intelligente connaissance du cœur, et surtout cette patience remplie de pénétration, de mansuétude et d’amour que le cœur d’une mère renferme seul peut-être.

Ces qualités essentielles manquaient à M. Duriveau, homme impétueux, énergique, absolu… Puis l’intérêt de sa folle passion pour Mme Wilson le dominait et le forçait d’agir avec autant de précipitation que de ri-