Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/368

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gueur ; la conversion de Scipion eût demandé des mois, des années peut-être, et il était indispensable aux projets de M. Duriveau que son fils fût régénéré en huit jours… Aussi l’imminence de ces intérêts irrésistibles pour lui, l’impuissance de ses tentatives d’autre sorte pour réduire son fils, forcèrent le comte de persister dans les voies d’extrême rigueur.

Et puis enfin que pouvait faire Scipion pour se venger, suivi pas à pas par les agents de police dès qu’il sortirait de chez Basquine ou arrêté chez elle s’il y séjournait au-delà de six heures ?

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Nous l’avons dit, Basquine et Scipion étaient restés seuls après le départ du comte.

Après le départ du comte, Basquine et Scipion avaient un moment gardé le silence.

Basquine, couvant pour ainsi dire d’un regard avide l’expression de révolte, de haine profonde, qu’elle voyait éclater sur les traits du vicomte…

— Oh ! je me vengerai ! — s’écria-t-il en tendant son poing crispé vers la porte par laquelle avait disparu son père. — Oh ! oui… je me vengerai… Je me suis déjà vengé… il contenait à peine sa rage… Chacun de mes mots a porté coup !…

— Oui… des mots… et puis des mots… Voilà votre vengeance à vous !… de vaines paroles !… — lui dit Basquine d’une voix sourde, avec un accent sardonique ; — belle vengeance !… comme si les mots les plus durs, les plus insolents, pouvaient jamais payer l’ignominie dont cet homme vous a couvert ! Sortez donc