Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/374

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vous donner une idée de ma fierté… stupide, monstrueuse, infernale… soit… je vous avoue que si j’avais un amant joueur, je le mépriserais… s’il perdait au jeu… Jugez-moi, d’après cela.

— Mais, enfin…

— Je vous répète que vous n’êtes pas de force à lutter contre votre père… Je veux vous citer un exemple entre mille… de son esprit diabolique et de son admirable audace…

— Vous le louez maintenant ? — dit Scipion avec un éclat de rire désespéré.

— J’admire l’énergie, l’esprit et l’audace, même dans un ennemi ; jugez combien je l’aurais idolâtré dans mon amant.

— Basquine, mon père a dit vrai, — dit Scipion d’une voix sourde, — vous me haïssez bien.

— Croyez cela, naïf garçon que vous êtes, et le triomphe de cet homme sera complet ; mais, à cette heure… haine, défiance ou amour de votre part, peu m’importe ; laissez-moi vous conter ce trait dont je vous parlais… Qui sait ? vous y trouverez… peut-être un enseignement utile… — dit Basquine en appuyant sur ces mots.

Puis elle reprit :

— Avez-vous entendu parler de la belle princesse de Montbar ?

— Oui, — reprit Scipion après avoir regardé Basquine avec surprise, — mon père voulait, je crois, l’épouser, mais quel rapport ?

— Votre père en était passionnément amoureux, — dit Basquine, sans répondre à la question du vicomte, —