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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/380

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vous attendant, j’étais allée dans un quartier perdu… dans les environs de la barrière d’Enfer… Je cherchais une demeure obscure… déserte… isolée… j’avais alors mes projets sur vous…

— Une demeure obscure ! déserte ! — dit Scipion intéressé malgré lui, — et pourquoi faire ?

— Oh ! il s’agissait d’idées très-bizarres, très-hardies,… que vous auriez partagées, je crois, car vous ne sauriez imaginer ce que devait être la vie que je rêvais pour nous deux. Et comme rien n’est plus mortel dans l’amour que la monotonie même de la possession… je voulais,… mais à quoi bon… parler de cela maintenant ? J’étais donc dans ce quartier assez désert… lorsque je traversai une rue… appelée la rue… la rue du Marché-Vieux. Connaissez-vous cela ?

— Non… mais qu’a de commun cette rue avec ?…

— Ayez donc un peu de patience, — dit Basquine, en interrompant Scipion. — Dans cette rue, — reprit-elle, — je trouvai justement la maison qu’il me fallait… pauvre apparence… solitude… isolement presque complet des demeures voisines… Cette maison, je l’ai louée, personne n’y loge… et, après l’avoir visitée… il m’a semblé… qu’elle devait être à-peu-près dans les mêmes conditions d’isolement… que l’appartement… où votre diable de père avait attiré la princesse de Montbar… sous un prétexte de charité…

Basquine avait prononcé très-lentement ces paroles en attachant sur Scipion un regard fixe et profond.

Le vicomte n’était pas encore sur la voie de l’infernale