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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/383

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nutes sont des siècles pour ceux qui souffrent… Et elle souffre, cette malheureuse femme… pour laquelle je vous implore… Mme Wilson a un cœur excellent… elle te croit… tu l’emmènes…

Scipion commençait à comprendre. Une expression de joie farouche éclaira sa physionomie… cependant un frisson glacial courut dans ces cheveux.

Basquine poursuivit d’une voix plus basse, en se rapprochant plus étroitement encore du vicomte :

— Mme Wilson… aussi aveuglément confiante dans tes paroles que Mme de Montbar l’avait été dans les prières de la fausse malade que faisait parler ton père (tu conçois tout ce qu’il y a de piquant dans ce rapprochement)… Mme Wilson monte donc en voiture avec toi… tu la conduis… rue du Marché-Vieux… au troisième… dans l’appartement isolé… désert… dont je te donne la clé… et là (ne trouves-tu pas, en effet, la leçon providentielle ?…) et là, non moins audacieux que ton père lorsqu’il eut attiré Mme de Montbar dans un piège diabolique…

— Basquine !… — s’écria Scipion saisi de vertige, hésitant encore entre le désir et l’horreur de cette épouvantable vengeance — c’est l’enfer… que cette pensée !!

— Crois-tu qu’après cela, ton père, malgré son amour, épouserait Mme Wilson ? Quant à nous, nous sommes ce soir en route pour la frontière, demain hors de France… Amoureux toujours… et riches partout, grâce à mon talent… Que dis-tu de cette vie… mon pâle et beau don Juan ? — reprit Basquine, en jetant ses bras autour du cou de Scipion, et s’asseyant, pour ainsi