Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/391

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moindre bruit en approchant de cet appartement ; enfin il toucha le palier… une pâle lumière, s’échappant de la porte ouverte, le guida… il traversa la première pièce…

Mais frappé d’horreur, d’épouvante, il fut forcé de s’arrêter au seuil de la seconde chambre… et de rester un instant dans l’ombre, appuyé au chambranle de la porte ; il se sentait défaillir, incapable de faire un pas.

Voici… le tableau qui s’offrit aux yeux de Martin :

Scipion, livide, moribond, sans mouvement, les cheveux souillés du sang qui, d’une large blessure béante à la tempe droite, coulait lentement sur sa joue, était couché sur un lit.

Agenouillé au chevet de ce lit, les mains jointes, se tenait le comte Duriveau ; son gilet blanc était ensanglanté, et son visage, baigné d’une sueur froide, était plus livide encore que celui de son fils agonisant.

Vers le milieu de la chambre, on voyait une lourde chaise de bois à demi brisée, au milieu d’une mare de sang, à côté d’un châle appartenant à Mme Wilson.

En face de la porte où se tenait Martin presque défaillant, les figures de Basquine et de Bamboche se dressaient immobiles, pâles, implacables, et se détachant à demi sur les ténèbres de la pièce voisine où ils se tenaient silencieux, à deux pas du seuil de la porte.

Le comte ne les avait pas aperçus… Ses yeux fixes, ardents, malgré les larmes dont ils étaient voilés, s’attachaient sur les yeux mourants de son fils ; la bouche de M. Duriveau, entr’ouverte par une contraction spasmodique de la mâchoire, semblait ne plus pouvoir se refermer ; il laissait échapper des sanglots convulsifs,