Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/398

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Il y eut dans l’accent de Martin, lorsqu’il prononça ces mots, quelque chose de si déchirant, que le comte, se jetant pour la première fois dans les bras de son fils, reprit, non plus avec abattement et terreur, mais avec fermeté :

— Oui, je suis… votre père… je vous le dis… devant le cadavre de ce malheureux enfant… doublement ma victime… oui, je suis votre père… et du moins, cette dernière fois, vous ne rougirez pas de moi…

— Que faites-vous ? — s’écria Martin en voyant le comte se diriger vers la porte. — Ils sont maintenant au second étage… qu’ils visitent. — Les entendez-vous ? Où allez-vous ?

— Me livrer… avouer mon crime… Le sang que j’ai versé doit retomber sur ma tête, — dit le comte avec une résignation pleine de courage et de majesté.

— Allons, mon fils… — reprit-il, — allons… votre bras… Ce n’est pas le cœur… ce sont les forces… qui me manquent…

À peine le comte venait-il de prononcer ces mots en se dirigeant vers la porte, que Bamboche, jusqu’alors resté inaperçu dans l’ombre de la pièce voisine, en sortit rapidement, et dit à M. Duriveau, d’un ton rempli de dignité qui contrastait étrangement avec la brutalité ordinaire de son langage :

— Monsieur, ce n’est pas le comte Duriveau que je vais sauver de l’échafaud… c’est le père de Martin…

— Que veux-tu faire ? — s’écria celui-ci, — où vas-tu ?