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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/399

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— Dire que j’ai tué le vicomte… On me croira… j’entre ici pour voler, vais-je dire… il était avec une femme, ils crient… je l’assomme d’un coup de chaise ; cinq minutes après, son père qui le cherchait pour le faire emprisonner, arrive ici… il voit son fils sanglant, se jette sur lui, et… voilà pourquoi ton père a du sang à son gilet.

— Accepter de vous un tel sacrifice, — s’écria le comte, — jamais…

— Explique lui donc vite que j’en ai déjà tué deux, — dit Bamboche à Martin, — un de plus ne fait rien, je n’ai qu’une tête à couper… Adieu, frère… une dernière prière (et deux larmes mouillèrent les yeux féroces du bandit)… Viens avec Basquine la veille du jour… (et il porta la main à son cou)… tu comprends… encore adieu, frère…

Et, avant que le comte et Martin eussent pu faire un mouvement, Bamboche s’élança dans l’escalier, comme s’il avait eu l’espoir de s’échapper en se frayant un passage à travers les gens de police et les soldats dont il trouva une partie sur le palier du second étage, éclairé par plusieurs lumières. — Le voilà… je le reconnais… arrêtez-le, — s’écria un agent, à la vue de Bamboche qui, pâle, la tête nue, les vêtements en désordre et brandissant son couteau, se précipita d’un bond sur le groupe, blessant légèrement un agent, non par férocité, — car je pouvais le tuer, — dit-il plus tard à Martin, — mais je voulais rendre la scène plus vraisemblable. — Bamboche, malgré son énergique résistance, qu’il savait d’ailleurs devoir être vaine, fut facilement terrassé et garotté ; puis pendant quelques moments de calme qui