son fichu de cotonnade rouge, un cordonnet de soie bleue, à laquelle pendait une petite médaille d’argent.
Les traits rudes, hâlés de cette femme, étaient loin d’être beaux ; mais sa figure pleine, vermeille, annonçait la santé, la franchise et la bonne humeur.
Hâtons-nous de prévenir le lecteur que, dans cette virile créature, il retrouve une de ses anciennes connaissances : la brave Robin, qu’il a vue vêtue d’ignobles haillons, alors qu’elle était fille de vacherie chez le métayer maître Chervin, que le comte Duriveau avait si impitoyablement chassé de sa ferme.
À la vue de la voiture dont Just et Régina descendirent pendant que le petit domestique gardait les chevaux, la bonne Robin s’avança courtoisement et peut-être aussi un peu curieusement vers les visiteurs.
— Pourrions-nous savoir, Madame, — lui dit Just en la saluant avec une parfaite politesse, — à qui appartiennent ces magnifiques bâtiments ?
— À moi… Monsieur, — répondit naïvement la Robin en faisant sa plus belle révérence.
— Comment ! à vous ? — s’écria Just sans cacher sa surprise : — Ces magnifiques bâtiments sont à vous ?
— Oui, Monsieur, — reprit la Robin sans la moindre fierté, — c’est à moi… et c’est aussi… à Petit-Pierre que voilà.
Petit-Pierre était une autre de nos connaissances, c’est-à-dire le petit vacher que nous avons vu pâle, les yeux caves, éteints, les lèvres blanches, à peine vêtu, marchant pieds nus, épuisé par les fièvres qui le minaient depuis sa naissance ; mais au moment où nous le revoyons, le petit vacher est méconnaissable, il n’est