Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/427

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

plus pâle, le sulfate de quinine[1] habilement administré à plusieurs reprises, a depuis long-temps coupé les fièvres. Une nourriture saine, des vêtements chauds, de bonnes chaussures, une habitation salubre, et surtout le complet assainissement du pays, ont assuré la guérison de l’enfant ; et il eût été impossible de reconnaître le pauvre petit vacher de la métairie du Grand-Genevrier dans ce jeune garçon bien vêtu, à la joue rebondie, aux yeux pétillants, à la démarche vive et alerte.

Petit-Pierre traversait la cour au moment où, le désignant à Just et à Régina, la brave Robin le citait comme l’un de ses co-propriétaires. L’enfant, croyant que la Robin l’appelait, s’avança de quelque pas ; puis, soudain, il s’arrêta timidement à l’aspect des étrangers.

Just, de plus en plus étonné, dit à la Robin :

— Ainsi, ce jeune garçon est, ainsi que vous. Madame, propriétaire de cet établissement ?

— Oui, Monsieur, et aussi propriétaire de toutes les terres, de tous les bestiaux, de tous les chevaux, de toutes les volailles, de toutes les récoltes… enfin, il est propriétaire de tout, quoi… ni plus ni moins que moi… et que les autres !

  1. Disons en passant que ce médicament souverain pour la guérison des fièvres intermittentes qui déciment les populations de Sologne, est d’un prix tellement élevé, qu’il est matériellement impossible aux prolétaires des campagnes de s’en procurer, et de payer la visite du médecin qui en réglerait l’emploi ; le prix du médicament seul en quantité nécessaire pour guérir la fièvre, et en admettant qu’il n’y ait pas rechute (ce qui arrive infailliblement deux et trois fois avant la guérison complète), le prix du médicament, disons-nous, absorberait le pain de toute une famille pendant quatre ou cinq jours.