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nôtre ; qu’il en soit ainsi de nos troupeaux, de nos chevaux. Dans cette association vous donnerez vos bras, votre industrie ; moi, le sol, les constructions et l’argent nécessaire aux premières cultures ; en fournissant ainsi à l’association les moyens, les instruments de travail, j’apporte à moi seul autant que vous tous ensemble ; loyalement j’aurais donc le droit de prélever pour moi seul la moitié de nos bénéfices… mais, à ce droit, à cette inégalité, je renonce au nom du sentiment de fraternité, qui me rapproche de vous, je ne demande dans les produits de notre association qu’une seule part… égale à celle de chacun de vous… et, cette part, je veux la gagner comme vous par mon travail, en appliquant toutes les forces de mon intelligence à la bonne administration de nos affaires. J’ai vécu pendant quarante ans dans une oisiveté funeste et stérile ; j’ai beaucoup à me faire pardonner ; aussi du jour de notre association, nul plus que moi, je vous l’assure, n’aura plus de zèle, plus de respect pour l’intérêt commun. »

— C’est admirable ! — s’écria Just.

— Un tel renoncement, — dit Régina avec émotion, — un tel hommage à la dignité, à la fraternité du travail… est d’un magnifique enseignement.

— Et la promesse que cet homme a faite, — dit Claude, — il devait la tenir religieusement.

— Et l’association… a dû se constituer aussitôt, — dit Just.

— Non, — dit Claude ; — quoiqu’elle offrît à ces pauvres gens des avantages inouïs, il a fallu vaincre des