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près cette porte… dont ce capitaine demi-défunt a fait sauter la serrure.

Lorsque je supposai le comte éloigné, je descendis de ma cachette, je ne voulus pas quitter cette maison sans examiner le lieu de la lutte.

Le placard défoncé ne masquait plus l’entrée de deux chambres voisines de celle de la fausse malade. Ces chambres, garnies de tapis, étaient ornées avec un certain luxe ; au désordre des meubles, je reconnus les traces d’une lutte violente.

En songeant qu’une seconde fois, du fond de mon obscurité, je venais de rendre un service signalé à Régina, j’eus un moment de joie profonde… puis à la pensée du danger auquel allait être exposé le capitaine Just, je croyais un duel inévitable, et le courage, l’adresse de M. Duriveau étaient connus, j’eus un cruel remords de ma conduite… elle me sembla lâche…

Et pourtant à qui m’adresser, en l’absence du prince ? S’il ne se fût agi que de m’exposer au péril qu’allait courir le capitaine Just, je l’aurais bravé avec joie, mais, hélas ! l’espèce même de ma condition et de mon dévoûment m’interdisait toute action éclatante chevaleresque… La crainte des suites de ce malheureux duel, où pouvait succomber le fils de mon bienfaiteur, empoisonna donc la seule joie qu’il m’était permis de goûter.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

En sortant de la maison, je ne vis plus le fiacre de Jérôme ; il avait sans doute reconduit la princesse. Ma blessure, oubliée pendant cette scène émouvante, me faisait beaucoup souffrir, j’avais hâte d’être de retour à l’hôtel de Montbar, pour accomplir mon service, com-