Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/62

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

plètement négligé ; je ne voulais pas encourir les reproches de la princesse, et il m’eût été difficile de lui expliquer la cause de mon absence pendant toute la matinée.

Au bout d’un quart-d’heure de marche, je rencontrai un fiacre, j’y montai ; m’étant prudemment fait descendre à l’extrémité de notre rue, j’arrivai à l’hôtel de Montbar sur le midi.

Mon premier soin fut de monter à ma chambre, afin de quitter mes vêtements tachés de sang ; je rencontrai Mlle Juliette dans l’escalier ; dès qu’elle m’aperçut, elle s’écria :

— Ah ! mon Dieu, Monsieur Martin, d’où venez-vous donc si tard… depuis que Madame est rentrée, elle vous a fait demander plus de dix fois… Il fallait me prévenir, je me serais chargée de votre service pour ce matin… En arrivant, Madame n’a trouvé de feu nulle part… avec cela elle a éprouvé en voiture une espèce de faiblesse… car en revenant elle était pâle comme une morte et tremblait comme la feuille… Je l’ai engagée à se coucher… elle n’a pas voulu, depuis lors elle n’a fait que sonner afin de savoir si vous étiez rentré…

— Je suis désolé de ce retard, Mademoiselle Juliette, — lui dis-je, — mais, tenez,… voilà mon excuse…

— Ah ! mon Dieu, du sang… à votre pantalon… et ce mouchoir à votre jambe…

— Il fait si glissant ! je courais, j’ai trébuché sur un de ces tas de débris que l’on dépose le matin au long des trottoirs et je suis tombé sur des tessons de bouteille…

— Pauvre garçon… vous souffrez ?