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C’était le jour de changer les fleurs, un de mes bons jours… Elle aime tant les fleurs fraîches ! puis très-souvent elle ne se fie qu’à elle-même du soin de les arranger, de nuancer les couleurs et les feuillages ; alors je l’aide dans cette tâche… que tous deux nous accomplissons seuls.

J’ai donc disposé sur le tapis et tout prêts à être placés dans la jardinière et dans les vases, une grande quantité de pots de fleurs.

Il ne me restait plus dans le parloir, qu’à épousseter le fauteuil où ma maîtresse se tient habituellement… à demi étendue.

La molle épaisseur de ce meuble a presque gardé l’empreinte du corps charmant de Régina, le satin est un peu lustré à l’endroit où elle appuie sa tête ;… partout il exhale cette suave senteur d’iris mélangé de fraîche verveine, particulière aux vêtements de ma maîtresse.

J’étais seul… j’ai porté follement mes lèvres ardentes… sur ce satin où avaient reposé ses cheveux, sa joue, sa main, son corps… J’ai aspiré avec passion le voluptueux parfum qu’elle laisse après elle… J’ai baisé le carreau de velours où elle croise ses petits pieds… ses petits pieds que j’ai tenus dans ma main…

C’est un délire… mais pour moi ces traces de sa présence vivent, respirent, palpitent ; c’est sa chevelure, c’est sa joue, c’est sa main, c’est son corps, c’est elle.

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