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Je suis resté immobile, en proie à un trouble indicible… écoutant… si cela se peut dire, ce que je n’avais pu voir, ou plutôt suivant des yeux de la pensée tous les mouvements de ma belle maîtresse…

À ces pensées dévorantes… les artères de mes tempes ont battu si violemment que je distinguais leur bruit sourd au milieu du profond silence qui régnait dans cet appartement reculé.

Ma tête se perdait… j’ai voulu fuir… je ne l’ai pas pu, mes genoux ont tremblé, je me suis appuyé au meuble que j’essuyais, un douloureux éblouissement troublait ma vue. Je suis resté quelques instants incapable de voir, de sentir.

La voix de la princesse m’a rappelé à moi-même ; elle disait à Juliette :

— Je ne resterai pas plus long-temps dans le bain, donnez-moi mon peignoir.

Au bout d’une seconde, Juliette dit :

— Le voici, Madame.

— Donnez… — a répondu ma maîtresse.

Puis, presque au même instant, elle s’est écrié d’un air contrarié :

— Allons, voilà mes cheveux dénoués… laissez là ce peignoir… et relevez-les…. vous voyez bien qu’ils trempent dans l’eau…

Et sans doute alors, à demi voilée par sa magnifique chevelure noire, Régina était, comme la nymphe antique, debout dans sa conque de marbre blanc.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Un quart-d’heure après environ, j’étais à l’extrémité de la galerie, nettoyant avec un pinceau sec les sculptures