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L’un de ces groupes se composait d’un piqueur à cheval et de deux valets de chiens à pied, conduisant, couplée, une belle meute d’une trentaine de chiens anglais de la pure race des Fox-Hounds ; leur pelage, blanc et orangé, était généralement mantelé de noir. Le piqueur, marchant au pas de son cheval, précédait la meute qui le suivait dans un ordre parfait, grâce au fouet régulateur des deux valets à pied formant l’arrière-garde.

Le piqueur, âgé de soixante ans environ, avait le teint basané, les yeux noirs et vifs, les cheveux blancs ; il portait une cape de chasse en cuir bouilli, une redingote marron à collet bleu clair, galonnée d’argent au collet et aux poches, des bottes à l’écuyère et une culotte de velours foncé. Les valets de chiens étaient vêtus de vestes de vénerie à la même livrée, leurs grandes guêtres de cuir fauve remplaçaient les bottes, et ils avaient en sautoir leurs trompes de cuivre bien brillantes.

Le groupe, qui s’avançait à l’encontre de celui-ci, était formé de quatre gendarmes à cheval, commandés par un maréchal-des-logis aux aiguillettes mi-partie bleue et argent.

La physionomie de ce sous-officier, homme plus que mûr, offrait un assez grotesque mélange de niaiserie et d’outrecuidance ; le tricorne carrément placé sur son front pointu, le sourcil haut, le nez camard et au vent, les favoris en croissant, la poitrine bombée sous son uniforme bleu croisé d’une buffleterie jaune, les reins cambrés dans le ceinturon de son grand sabre, les jambes raidies dans ses bottes fortes, le poignet droit appuyé sur sa cuisse, M. Beaucadet, maréchal-des-logis, chef de la gendarmerie départementale, s’avançait au