Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/187

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» Depuis, j’ai voulu vous revoir ; nos entrevues, cachées à tous, ont été fréquentes ; j’ai de plus en plus apprécié la droiture, le bon sens, l’élévation d’esprit qui vous distinguent ; je ne vous ai pas demandé par quel concours d’événements extraordinaires, vous qui, par le cœur et la pensée, me paraissez supérieur au plus grand nombre des hommes, vous vous étiez résigné à la servitude ; j’ai respecté vos secrets.

» Je vous ai écouté avec fruit. À ma prière, en acceptant seulement de moi un travail manuel que vous accomplissiez avec une scrupuleuse exactitude, car votre délicatesse est bien ombrageuse, vous avez consenti à rester quelque temps dans mon pays ; nos rapports, toujours ignorés, m’étaient précieux ; enfant trouvé, vous aviez expérimenté toutes les conditions, toutes les misères de la vie du peuple ; plus tard, votre existence aventureuse et votre état de domesticité vous avaient mis en contact avec toutes les classes de la société, des plus infimes aux plus hautes ; né pensif et observateur, doué d’un esprit juste et pénétrant, vous avez profondément réfléchi à ce que vous avez vu, étudiant au moins autant les causes que les résultats ; d’une loyauté scrupuleuse, vous n’avez jamais, j’en ai acquis la conviction, exagéré ou atténué ce qu’il y avait de bon et de mauvais dans ce peuple auquel vous vous glorifiez d’appartenir ; une fois certain de votre sincérité, je méditai longuement les enseignements que je trouvais en vous, enseignements vrais, variés, vivants, qu’il m’avait été impossible de rencontrer, jusqu’alors rien n’étant plus rare que la combinaison d’un sort tel que