Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/81

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

un lion ou un tigre ? Hélas ! ces bois sont trop modestes pour receler un hôte si royal. Permettez-moi donc de vous quitter un moment, car ma curiosité, je l’avoue, est on ne peut plus excitée.

— Rassurez-vous, Madame, — dit Scipion en ricanant, — je vais aller partager les glorieux périls de mon père.

Et, descendant aussi de cheval, il rejoignit le comte.

— Voilà qui est étrange, — disait celui-ci, qui, arrêté sur une des marches taillées dans la terre, plongeait son regarda travers les ténèbres du repaire, — on dirait la réverbération d’une lumière.

— Nous tombons dans le fantastique ! — dit Scipion en encadrant son lorgnon d’écaille noire entre ses deux paupières.

Le comte allait pénétrer dans le souterrain, lorsqu’un bruit de pas nombreux et précipités qui s’approchaient de différents côtés attira son attention et celle des autres spectateurs de cette scène ; le comte, un pied sur la première marche de la descente et un pied en dehors, resta immobile en voyant arriver dans la clairière, par plusieurs issues, une trentaine de paysans, misérablement vêtus et armés ceux-là de fléaux, ceux-ci de fourches, d’autres de faulx emmanchées à revers, d’autres enfin de bâtons noueux.

Lorsque ces différents groupes se rencontrèrent, les hommes qui paraissaient en avoir dirigé la marche, échangèrent ces paroles du plus loin qu’ils s’aperçurent :

— Eh bien ?