Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ment la veuve en agitant de nouveau sa sonnette.

— Au fait, c’est vrai, Gaston, madame a sonné Boitard, — dit Alfred avec beaucoup de sérieux ; — ayez un peu de patience. Mais comme je me défie de la présence de Boitard, par précaution je vais allumer un cigare.

Alfred tira un cigare d’un cigarero de paille de Lima, prit une allumette chimique dans une petite boîte d’argent damasquinée, et commença à fumer.

Les habitués du café se regardèrent avec stupéfaction, ne sachant comment qualifier cette audacieuse innovation.

Quelques-uns toussèrent, d’autres poussèrent quelques hum ! hum ! énergiques. Nul doute que, sans l’intérêt de curiosité qu’inspiraient ces jeunes gens, par le rôle qu’ils semblaient jouer dans l’aventure du coffret remis au domestique du Vampire, nul doute que la veuve et ses partisans n’eussent vivement protesté contre ces manières de tabagie.

À ce moment parut Boitard ; garçon joufflu, aux bras nus, et pour qui toute saison était canicule.