Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/72

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que je me sens sur les épaules une chape de plomb glacé. Il n’y a de feu nulle part… C’est un vrai Spartiate que cet homme-là.

— Cet homme ! quel est-il ? quel est-il ? — dit Gaston en se parlant à lui-même.

Elle seule aurait pu vous éclairer ; mais elle est partie cette nuit, je crois ?

— Cette nuit, — répondit Gaston.

— Ulrik ? — dit Alfred, — Ulrik ? ça doit être un nom russe, prussien ou allemand. Je suis allé hier au club de l’Union, espérant y trouver quelques membres du corps diplomatique ; en effet, j’y ai vu trois ou quatre secrétaires de légation ou d’ambassade. Mais aucun ne connaît le colonel Ulrik. Il n’y a plus de ressource pour nous éclairer que dans M. l’ambassadeur de Russie, mais je n’ai pu le rencontrer.

— Après tout, que m’importe ? dit Gaston. Cet homme a mon secret ; elle m’a sans doute sacrifié à lui, c’est une indigne trahison. Je le tuerai ou il me tuera.

— N’allez pas si vite, mon ami ; peut-être cet imbécile d’hier nous a-t-il mal renseignés. Sans doute, toutes les apparences tendent à