Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/101

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— Désormais Monsieur doit être sacré, inviolable à vos yeux, entendez-vous ? Quoi qu’il dise, quoi qu’il fasse, vous devez tout endurer de lui.

— Je dois tout endurer ! — dit Gontran, — et pourquoi cela ?

— Pourquoi cela ?… — et mademoiselle de Maran, jetant sur moi et sur M. de Mortagne un regard de vipère, dit avec son affreux sourire : — Vous devez tout endurer de M. de Mortagne, mon pauvre Gontran, par une raison toute simple… c’est qu’on ne peut pas se battre avec le PÈRE DE SA FEMME.

M. de Mortagne resta foudroyé… Gontran le regardait avec stupeur. Moi… je fus quelques moments sans comprendre l’épouvantable portée des exécrables paroles de mademoiselle de Maran… Puis lorsqu’elles traversèrent ma pensée, brûlante comme un trait de feu, je ne pus que m’écrier : Ô ma mère ! et je m’évanouis.

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Bien des années se sont écoulées depuis cette horrible scène ; mon ami, bien des fois j’ai amèrement pleuré en y songeant ; maintenant en-