Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/111

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— Voyez donc quelle belle soirée, — me dit-il.

Un clair de lune admirable jetait des flots de lumière argentée sur notre petit jardin et sur la cime des grands arbres qui l’entouraient.

Le silence le plus solennel régnait dans la forêt… Au-dessus de nous les étoiles brillaient dans les profondeurs du firmament ; autour de nous les fleurs épandaient leurs parfums.

Gontran s’assit à mes pieds. Son noble et beau visage était tourné vers moi ; un pâle rayon de la lune se jouait sur son front et sur ses cheveux. Il tenait une de mes mains dans les siennes et me contemplait avec une sorte d’extase…

Étrange contraste de notre nature ! À ce moment, je crois, j’atteignis l’apogée du bonheur : l’homme que j’aimais de toutes les forces de mon âme était à mes pieds. Le calme mystérieux d’une belle nuit ajoutait encore à mes ravissements. À ce moment pourtant, une indéfinissable tristesse s’empara de mon cœur… je pleurai.