Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/113

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trempées de rosée, savourer les parfums des plantes aromatiques, et voir les cerfs et les biches se retirer dans l’épaisseur des taillis.

Lorsque le soleil commençait à s’élever, nous revenions déjeuner ; puis après les stores de notre petit salon baissés, jouissant de la fraîcheur et de l’ombre, nous nous reposions de notre promenade du matin en faisant quelquefois une sieste pendant la chaleur du jour.

Ensuite, je me mettais souvent au piano ; je chantais avec Gontran certains duos, certains airs auxquels nous attachions de tendres souvenirs. D’autres fois nous lisions. Le timbre de la voix de Gontran était charmant ; c’était pour moi un bonheur toujours nouveau que de lui entendre lire un de mes poètes favoris. Ces douces occupations étaient mêlées de longues causeries, de projets d’avenir, de doux regards déjà jetés sur le passé. Puis, à l’heure du dîner, nous allions nous habiller avec autant de coquetterie et de recherche que si nous eussions habité un château rempli de monde.

J’attachais un prix infini aux louanges, aux