Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Oh ! que d’heures ainsi passées, pendant lesquelles j’écoutais Gontran me raconter sa vie, sa première jeunesse, les combats de son père, un des héros de la Vendée, bravement mort dans les landes sauvages de la Bretagne pour sa foi, pour son roi.

Avec quelle insatiable curiosité j’interrogeais Gontran sur la guerre qu’il avait faite, lui, sur les dangers qu’il avait courus. Plus je pénétrais dans le passé, grâce à sa confiance, plus je reconnaissais la vanité, l’injustice des accusations de madame de Richeville et de M. de Mortagne.

Ils m’avaient dépeint Gontran comme un homme d’un caractère inégal, égoïste, dur, profondément blasé, incapable de comprendre les délicatesses d’un amour élevé…

Quels étaient ma joie, mon orgueil ! je trouvais au contraire Gontran rempli de douceur, de prévenances, de tendresse, et doué surtout du tact le plus parfait, le plus exquis.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Ce bonheur durait depuis trois semaines.

— Un soir, en prenant le thé, Gontran me dit en souriant :