Rochegune, que j’avais vu ce même jour dans la loge de madame de Richeville : il était grand et très basané. Ce qui me frappa dans sa physionomie fut l’expression triste et sévère de ses grands yeux gris.
Gontran fit à M. de Rochegune mille excuses de notre indiscrétion involontaire.
— Ah ! Monsieur, ah ! Mesdames, — s’écria M. Duval avec exaltation en s’adressant à nous, — c’est le ciel qui vous envoie ; au moins je pourrai témoigner toute ma reconnaissance à mon bienfaiteur.
— Monsieur, je vous en supplie, — dit M. de Rochegune avec embarras.
Je regardai ma tante. Ses traits avaient jusqu’alors exprimé une sorte de triomphe moqueur. À ces mots elle sembla dépitée et s’assit brusquement sur un fauteuil, en souriant d’un air ironique…
— Monsieur, — reprit M. de Rochegune en s’adressant à M. Duval, — je vous demande instamment, formellement le silence.
— Le silence ! — s’écria M. Duval avec une explosion de reconnaissance pour ainsi dire furieuse. — Le silence ! ah parbleu ! vous