Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

manière incurable, c’est l’indifférence et le dédain.

Et puis enfin, puisque les hommes, dans leur glorieuse suffisance, traitent d’enfantillage ce qui est tant pour nous, est-il bien généreux de leur part, à eux si sages, à eux si forts, à eux si puissants, de nous refuser quelques soins qui leur coûteraient si peu, et qui nous seraient au moins un prétexte de les aimer avec adoration ?

Cette longue digression était peut-être nécessaire pour faire sentir combien je devais souffrir de l’oubli de Gontran. Ce fut le premier chagrin qu’il me causa…

Cette journée, d’ailleurs si malheureuse à son début, devait m’être pénible.

Après le déjeuner, M. de Lancry me montra la liste des visites de noces qu’il avait fait dresser, et me dit :

— Il est inutile d’y mettre le nom de mademoiselle de Maran, car il est tout simple que nous commencions notre tournée par elle.

Je regardai M. de Lancry avec stupeur.

— Ma tante ! Vous n’y pensez pas, mon ami.