Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/146

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— Comment cela ?

— Aller chez elle, moi ! moi !

— Mais en vérité, Mathilde, je ne vous comprends pas.

— Vous ne me comprenez pas… Ah !… Gontran !

— Bon… j’y suis… vous songez encore à cette calomnie insensée contre votre mère ? mais nous sommes convenus que c’était de la folie. Il faut prendre les gens pour ce qu’ils sont… Plutôt que de ne calomnier personne, votre tante médirait d’elle-même ; c’est une infirmité morale dont il faut avoir autant de pitié que d’une infirmité physique… Vous me regardez d’un air stupéfait… pourtant rien n’est plus simple… Ajouteriez-vous la moindre importance aux propos d’un fou ?… Non, sans doute, n’est-ce pas ? Eh bien, faites comme moi… Oubliez de folles paroles dictées par l’égarement de la haine ; la noble mémoire de votre mère est au-dessus de pareilles médisances.

Mon cœur se brisait. D’abord je n’eus pas la force de dire un mot, puis je m’écriai en fon-